L’eau est présente partout dans le Pays de Puisaye-Forterre, indispensable à la vie des gens d’ici depuis toujours. Présente dans le sol, elle jaillit et coule, source ou fontaine. Elle est ru, ruisseau, rivière courant vers un fleuve, Loire ou Seine. Tombée du ciel, elle est pluie ruisselante qui dévale les toits et remplit les citernes. Elle est la Loire qui refroidit les réacteurs de la centrale atomique de Belleville. Elle est le ru de l’Ingéron à Saints-en-Puisaye et fait tourner la roue du moulin de Vanneau. Elle alimente le canal qui relie les bassins de Loire et de Seine, escalier d’eau de sept marches bâti à Rogny au XVIIe siècle. En Forterre elle gît en nappes loin de la surface de la terre, on la remonte du fond des puits profonds à l’aide d’un seau, animé par un treuil. Elle a permis de laver le linge, abreuver bêtes et gens et faire pousser les légumes du jardin.
Eau d’hier, d’aujourd’hui et de demain, eau de toujours qui se transforme en glace parfois, qui tombe en neige de moins en moins souvent, eau mélangée à l’air en vapeur mais aussi en brumes automnales qui font naître des silhouettes fantomatiques. Eau des nuages qui parcourent le ciel et franchissent allègrement les frontières terrestres menés par les vents changeants. Eau vivante de la rivière et eau dormante du bief, les poissons vivent et vont ici et là, tandis que d’autres animaux aquatiques y crapahutent. Ecrevisses dans la Vrille, entre le moulin de la Folie et celui de Péziers, truites aussi que nous pêchions aux instruments. Nous étions jeunes et allions en bande, la nuit masquait nos turpitudes.
En Forterre, les puits sont profonds, l’eau qui en sort est pure, fraîche comme la vérité des choses, des sentiments, des impressions et des élans amoureux. L’eau a façonné les paysages sillonnés de haies bienfaitrices qu’elle a nourries de ses vertus. L’eau a fait pousser les chênes des forêts devenus, avec les années, bois d’œuvre de la charpente de Notre-Dame de Paris. L’eau a inspiré la forme des toits. L’eau a permis les lavoirs, les fontaines, les abreuvoirs, les puits, les rigoles, les bénitiers, les citernes, les mares, les étangs, les lacs. Notre consommation d’eau atteint des sommets et notre insouciance s’estompe dans des soubresauts incompréhensibles. Evitons la guerre de l’eau. Puisque la guerre du feu a eu lieu à l’aube de l’humanité, épopée si bien imaginée et racontée par Joseph-Henri Rosny (aîné). Alors :
« Ici, cheu nous asst’eur, j’va ben vous di’ qu’on voué ben ouqu’ça mène s’taffée d’iau, cré bon dieu d’arcandiers faites-zy attention à l’iau ! Les guélines, les viaux, les chouaux céti qui vont boère du vin asst’eur »
Des châteaux bien bâtis.
A Saint-Fargeau dans le parc de l’hôtel Lacour, l’eau du puits était pompée pour remplir ce réservoir. Alexandre Lacour pouvait faire ainsi arroser son jardin d’agrément.
A Saint-Fargeau, à la ferme Des Pautrats, le château d’eau est en (beau) béton armé.
Le château d’eau de Treigny est vide. Il ferait une habitation attractive, y vivre permettrait de voir le bas d’en haut.
Le château d’eau de Bouhy a été bâti comme un donjon. Vers 1950, lorsqu’il est sorti de terre pour prendre cet aspect, nous avons été étonnés, intrigués et dubitatifs. Aujourd’hui, après 70 ans, il y a prescription.
Fontaines, on vous aime
La fontaine Saint-Georges du vieux Moutiers
Il y a des siècles, Moutiers a changé d’emplacement. Avant le XIIIe siècle cette fontaine était au milieu du village. Elle fut transformée en lavoir vers 1870. Un bassin inutile a été reconstruit récemment. Au lieu de revenir à la vérité, créer une fontaine pour que se désaltèrent les gens qui se promènent dans Moutiers-le-Vieux. Une façon heureuse d’éviter les très gênantes fièvres intermittentes d’aujourd’hui.
(Maximilien Quantin, Inventaire archéologique de l’Yonne, 1858)
La Fontaine Saint-Mamès à Perreuse (Forterre)
L’eau de cette fontaine est un excellent remède, elle aussi guérit les maux de ventre
La fontaine Saint-Mamès de Perreuse attend une mise en valeur pour attirer les curistes.
La fontaine Saint-Pélerin de Bouhy
A Bouhy, la fontaine est aussi devenue un lavoir.
L’eau qui s’écoule forme la Malaise, un ruisseau qui rejoint la Vrille, en aval du Moulin Berger. Ne pas confondre avec la Maloise qui prend source à Saint-Vérain en ensuite rejoint la Vrille à Arquian.
A suivre…